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LES BEAUX SITES DE L'ALGÉRIE

 
LES GORGES DE PALESTRO

Le village de Palestro, créé par arrêté du 18 novembre 1869, et érigé en section distincte de la commune mixte de Dra-el-Mizan le 17 mars 1870, avait été installé sur les terrains domaniaux entourant l'ancien gîte d'étape, ou konak turc, du pont des Beni Hinni sur l'Isser.

Dans cette région accidentée, les deux principaux groupements sont représentés par les Ammal et par les Aït-Khalfoun. Ces derniers occupaient 35 hameaux comprenant 5.000 habitants. Ils participèrent le plus activement à l'insurrection de 1871 qui eut, à Palestro, une si lamentable répercussion. Le 25 avril 1871, le village fut brusquemment assailli par quinze cents fusils des Zouatna, Animal, Senhadja, Aït-Khalfoun. Malgré une héroïque défense, 58 habitants furent massacrés.

Palestro, à 79 kilomètres d'Alger, est le siège de la commune mixte. Palestro est une commune de plein exercice.

Parmi tous les attraits que ce pays offre aux voyageurs, citons le " Tigremoun " belvédère (1.028 m. d'altitude), d'où la vue embrasse un des plus beaux panoramas de notre Algérie, et les gorges de Palestro. Les guides ont eu tort de déclarer arbitrairement qu'elles sont moins belles que les gorges de la Chiffa. Elles sont moins développées, c'est vrai, elles n'en sont pas moins attrayantes. De l'entrée des gorges à la sortie, il y a un parcours de cinq kilomètres. Pour bien jouir du spectacle, le mieux est de cheminer le long de la rivière.

L'Oued Isser, à travers la montagne et les roches s'est frayé un passage et a formé ces gorges, avec tous les caprices de ses méandres.

A droite et à gauche, se dressent de hautes murailles dont le sommet est vivement éclairé par le soleil. Sous ces reflets dorés, l'Isser scintille comme un ruban argenté. La paroi rocheuse, constituée par des stratifications coupées de fissures régulières, s'élève obliquement à une grande hauteur. Il arrive aussi qu'à la muraille succède, en une sorte de chaos, des amoncellements de roches aux couleurs variées. Sous la lumière, ce qui domine, sur cette palette, c'est le rouge irisé. Voici qu'un paysage idyllique vient faire un contraste inattendu avec cette nature sauvage : sur la rive opposée à la route, une source abondante tombe en cascade dans la rivière du haut des sommets escarpés. L'eau a fait là encore des merveilles : les roches sont parées de mousses, de lichens et de pariétaires de toutes sortes, tandis qu'en une végétation luxuriante et échevelée, des arbustes, des lianes, du lierre s'enchevêtrant dans tous les sens et suspendus en festons verdoyants, semblent monter à l'assaut de la source et faire une parure à la cascade divine.

 
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