La source chantant en un pareil décor a quelque chose de sacré. A l'époque lointaine où, humble nomade, je parcourais ce pays, les indigènes attribuaient à cette source des vertus curatives, quand ils allaient offrir leur corps à la douche bienfaisante.

D'Alger à Dellys, à Tigzirt et à Port-Gueydon. - Excursion très recommandée. L'excursion peut se faire en automobile. Si l'on veut se servir des voies ferrées, le voyage est moins coûteux. Nous envisagerons ce second mode de locomotion. D'Alger à Camp-du-Maréchal, il y a 90 kilomètres, en passant par Rouïba, l'Alma, Ménerville et Bordj-Ménaïel. Au Camp-du-Maréchal, on emprunte le chemin de fer sur route et l'on franchit les 31 kilomètres qui séparent cette station de Dellys en 1 heure 40.

Dellys est une petite cité où l'on retrouve encore des vestiges de la période romaine. Les jardins qui précèdent la ville sont gais, frais, ombragés et bien cultivés. Pendant la domination arabe, Dellys était placée sous l'autorité de Bougie. Nous l'avons occupée en 1837.

Il faut faire l'ascension sur le mont Bengut où se trouve le poste de télégraphie optique. De ce point élevé, la vue sur la région, le littoral étrangement découpé et sur la mer, est impressionnante.

De Dellys à Tigzirt, 25 kilomètres, route accidentée qui suit le rivage.

Tigzirt, l'antique Rusucurru. Ses enrochements colorés, son promontoire, un temple romain d'allure gracieuse (III^e siècle) les vestiges d'une cité romaine importante, sa basilique dans une atmosphère d'une exquise limpidité. tout. évoque l'idée d'un paysage de la Grande Grèce entre Taormina et Catane.

Port Gueydon, à l'ouest du Cap Corbelin, en un site justement apprécié, fut autrefois le siège d'une colonie importante (l'antique Ruzaru ?) ainsi que le feraient croire les restes d'un aqueduc autrefois solidement construit et les ruines d'un temple décoré de colonnes et de mosaïques.

"Du tourisme nautique sur les côtes algériennes! Vous voulez rire"... Non, je parle sérieusement en vous racontant ce que je sais et ce que j'ai vu...

Je ne veux pas parler de ces grands voyages organisés par des compagnies françaises, anglaises, américaines et allemandes avant la guerre. Des bateaux de 8.000, 10.000 et 15.000 tonnes, luxueusement aménagés, transportaient des légions de touristes de préférence en Méditerranée où il y a tant à voir.