galerie sculptée à jour, autour
des arcades de laquelle étaient suspendus des guirlandes et
des festons gracieux de pampres et de grenadilles, qu'un
léger zéphyr agitait doucement.
Je voulus retourner encore une fois au bazar avec M. de
Siegnette. On nous y fit asseoir sur des divans, et l'on nous
régala de café et de pipes, tandis que nous marchandions ces
fameux châles rouges de Tlemcen. Nous en achetâmes un brodé
en or, pour environ le double de sa valeur. Nous étions
encore là lorsqu'un Arabe apporta au marchand une peau de
panthère criblée de trous par le plomb du chasseur, qui
cette fois l'avait échappé belle. Je remarquai dans ce bazar
une foule de bibelots et d'antiquailles, que j'avais une envie
démesurée d'acheter ; mais je résistai à la tentation
lorsque je me demandai comment au retour je m'y prendrais pour
rapporter tous ces objets en Angleterre. Ce que je regrette
par-dessus tout, ce sont des lampes grotesques en poterie
verte, qui ne coûtent que quelques sous et qu'on ne fabrique
que dans cet endroit.
Nous repartîmes le soir même pour Oran, et ce n'est pas
sans regret que nous avons dit adieu à Tlemcen. M. Gués eut
l'aimable intention de nous envoyer un fort beau bouquet de
roses et de violettes de parme. Après mille souhaits
bienveillants, dont le petit groupe qui entourait la porte de
l'auberge se fit l'écho, nous grimpâmes dans l'incommode
diligence, et, après avoir descendu doucement la côte, nous
nous trouvâmes de nouveau, par une nuit obscure, au milieu de
la plaine déserte et silencieuse couverte de palmiers nains.
Vers six heures du matin, nous arrivâmes à Misserghin. Je
désirais néanmoins visiter les orphelinats arabes, pour
lesquels l'évêque d'Oran m'avait donné une lettre
d'introduction ; malheureusement il n'y avait pas moyen de se
procurer une voiture quelconque, si nous abandonnions la
diligence,
|