ne répondit point à l'attente
publique, la situation redevint promptement la même.
Ben-Salem qui s'était réservé lui-même pour tenter le
dernier effort, expédia deux lettres à son maître.
L'une était de ses siafs (officiers) ; ils lui
disaient : " Nous avons attendu jusqu'à ce jour sans
murmurer ; il nous est impossible d'aller plus loin. Nous
sommes nus, mourants de faim ; votre khalifa a dépensé pour
nous tout ce qu'il possédait ; nous en sommes venus à manger
ses bœufs de labour. Donnez-nous une réponse positive ;
fixez-nous une époque pour votre arrivée, ou permettez-nous
de rentrer dans nos fa milles, que nous n'avons pas vues
depuis si longtemps. "
Ben-Salem écrivait de son côté :
" Si vous prolongez votre absence, vous nous trouverez
morts ; plus vous tardez, plus l'insubordination fait de
progrès. Le mal est déjà presque sans remède, car je suis
annulé complètement par les tribus. Toutes s'entendent par
dessous main, celles qui sont restées libres et celles qui
ont reconnu les chrétiens ; en sorte qu'elles s'avertissent
mutuelle ment de toutes les tentatives projetées de part et
d'autre ; par ce moyen, jamais on ne peut les surprendre.
" Si vous ne suivez pas mon conseil, ne pensez plus à
nous, et cessez d'écrire aux tribus ; car, une fois
détrompées, elles tournent vos lettres en dérision. "
Ces messages restèrent sans réponse. Alors, dans le vide
où il retombait, Ben-Salem ulcéré, caressa de nouveau des
idées de vengeance. Elles se dirigeaient toujours contre
l'heureux rival qui lui avait enlevé son pouvoir et le titre
de khalifa. La promesse de 4,000 boudjous, d'un beau cheval et
d'un bon emploi, semblèrent décider un nommé Hamed-bel-Kady,
appartenant aux Beni-Djaâd
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