|
Le duc d'Orléans
s'intéressait particulièrement aux choses algériennes; sa
sollicitude pour l'armée, son désir de payer de sa
personne l'incitaient à revenir en Afrique. Valée voulut
donner un grand éclat à ce voyage; au mois d'octobre 1839,
accompagné de l'héritier du trône, il se rendit par mer
dans la localité nouvellement créée de Philippeville et
de là à Constantine. On forma une colonne qui s'avança
par Mila et Sétif, franchit le défilé des Bibans ou
Portes-de-Fer. La colonne défila ensuite par les
Beni-Mansour et les Isser et fit sa jonction au Fondouk avec
les troupes d'Alger.
Le passage des Portes-de-Fer, célébré comme une marche
triomphale, n'avait été en réalité qu'une promenade
militaire très rapide et presque furtive. Le « vieux Louis
XI » avait jusqu'au dernier moment gardé le secret sur ses
projets et s'était assuré quelques complicités sur son
parcours. Au retour, le maréchal et le prince furent
accueillis avec enthousiasme à Alger; les fêtes durèrent
plusieurs jours.
Le Moniteur officiel de l'Algérie déclara: « L'Afrique a
désormais traversé l'époque des épreuves qui marquent
toujours la naissance des grands établissements coloniaux;
elle marche maintenant par sa propre force et nous touchons
au moment où nos efforts recevront une glorieuse
récompense. » On croyait avoir tranché toutes les
difficultés et on espérait qu'Abd-el-Kader s'inclinerait
devant le fait accompli : on ne devait pas tarder à être
détrompé. |
IV |
L'ALGÉRIE ET L
'OPINION |
|
Plus de trois cents brochures furent écrites pour ou
contré l'Algérie durant cette période. Elles témoignent
surtout de la fécondité d'imagination de leurs auteurs. Il
y eut de bizarres projets. L'un voulait organiser une
Compagnie chrétienne pour la colonisation et la
civilisation de l'Afrique du Nord; un autre proposait de
couvrir l'Algérie de châteaux forts et d'y faire revivre
le système féodal; un troisième entendait appliquer en
Algérie les théories fouriéristes. D'autres prétendaient
abriter la région colonisée derrière un fossé et des
fortifications qui la garantiraient contre les incursions
des tribus. Parmi les anti-colonisateurs figurent toujours
Desjobert et Baude. Desjobert pense que la seule solution
raisonnable serait l'abandon; sachant qu'il ne l'obtiendra
pas, il propose la reconnaissance de la nationalité arabe,
la déclaration que la France n'établira pas de colons et
se bornera à l'occupation des villes maritimes. Baude, lui
aussi, trouve que le meilleur parti à prendre serait
l'évacuation; l'Algérie lui paraît pour la France une
cause d'affaiblissement au point de vue militaire et
financier; il faut en faire un État vassal, avec un
vice-roi français, qui subviendra à toutes ses dépenses. |
|
|