passage introuvable qu'il
prolongeait ainsi vers l'est sa course aventureuse, et qu'au
lieu d'un vainqueur, on devait voir en lui un fugitif traqué
par nos colonnes, et ne les dépistant que par la ruse ou des
courses à perte d'haleine.
Toutefois cet homme, aux yeux des fanatiques ou seulement
des fidèles zélés, cet homme, disons-le, n'avait rien perdu
de son prestige. Présent au cœur de l'Algérie, après avoir
été refoulé à diverses reprises hors de ses frontières,
abattu tant de fois, encore debout, grandi par ses malheurs et
sa constance, il était devenu comme une prédication vivant
de la guerre sainte.
Entre tous ses désastres, un surtout avait dû le frapper
au cœur : la prise de sa smala. Comment l'avait-il supporté
? Quand on était venu lui dire que sa propre famille et celle
de ses khalifas étaient tombées aux mains de l'ennemi ; il
s'était écrié : " Louange à Dieu ! Ces gens-là me
donnaient beaucoup d'inquiétude, entravaient tous mes
mouvements et me détournaient de la voie droite. Je n'en
serai que plus libre à l'avenir pour harceler les infidèles.
"
Bientôt après, lorsqu'il eut ramassé les débris de
cette population errante et qu'il parvint à nous Ies dérober
par des marches forcées à travers un pays brûlant,
sablonneux, sans eau, ses chefs les plus dévoués lui dirent
: " Que veux-tu donc faire de nous ? la poudre a dévoré
nos braves ; nos femmes, nos enfants, nos vieillards, tu les
sèmes dans le désert. Regarde derrière toi, la traînée
des cadavres t'indiquera le chemin que tu as parcouru ces
jours-ci. " Abd-el-Kader leur avait répondu : " De
quoi vous plaignez-vous ! tous ces êtres que vous aimiez ne
sont-ils pas en possession du paradis ? "
Avec une personnalité si forte, avec un caractère si
soutenu, jamais ennemi ne cesse d'être à craindre, tant bas
que l'ait jeté la fortune. Aussi, la possibilité d'une
tentative de sa part en Kabylie
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